26/03/2011 20:30

Soirée tout-contre-basse
Moutin Reunion Quartet / Ron Carter Trio"




26/03/2011 20:30

Moutin Réunion quartet

Après Power Tree et Red Moon, puis Something Like Now (2005) et Sharp Turns (2007), voici donc le retour de la captivante phalange des frères Moutin. 
Avec ce cinquième opus baptisé Danseurs de l’Âme (Soul Dancers), paru 
en mars 2010, ces beaux sorciers de la couleur harmonique retrouvent l’altitude qui fait d’eux les chefs de file d’un jazz made in France… Via les States ! (Et même si ce nouvel album fut enregistré au Recall Studio de Pompignan, en France). Nos cascadeurs de la pensée musicale retrouvent aussi cette ébullition particulière qui leur permet depuis plus d’une décennie de fondre vivacité rythmique et enthousiasme, simplicité apparente et construction savante. 
Les jumeaux exposent leur plaisir de jouer avec la complicité d’un Pierre
De Bethmann qui oscille entre piano et synthé (solo à la Zawinul sur Sold Answers) et avec celle du saxophoniste Rick Margitza. Digne héritier de l’école Miles, ce dernier prolonge avec inventivité le souvenir des volutes de Michael Brecker ou Bob Berg.

Le nouveau Moutin Réunion développe des atmosphères souvent douces et fusionnantes. Le répertoire, entièrement original, chemine avec sérénité du côté de Weather Report ou de Steps Ahead (Momentum)… Mais pas seulement. Dans leurs albums comme en concert, les Moutin manquent en effet rarement de rendre hommage aux grands créateurs du jazz moderne en interprétant des medleys en simple duo. Ainsi, après Charlie Parker (Something Else) ou John Coltrane (Sharp Turns, il y a 4 ans), c’est au tour cette fois de Thelonious Monk avec ce florilège des thèmes du pianiste fêlé que les frangins passent avec science au shaker rythmique (Monk’s Medley). 


Dans un genre où les formations ne cessent de tourner au gré des projets, on ne peut que louer l’esprit de famille de ce quartet, cette fidélité qui fait la solidité du Moutin Réunion. Armés de cette cohésion imparable, les frères Moutin évoluent au fil d’une inspiration très New Yorkaise ( la ville de résidence de François) et produisent une musique contemporaine ancrée dans celle de leur génération, entre jazz rock serein et revival cossu.


Moutin Réunion quartet

photo Ursula K.

  • François Moutin (contrebasse),
  • Louis Moutin (batterie),
  • Pierre De Bethman (piano), 

  • Rick Margitza (saxo)

26/03/2011 22:15

Ron Carter
Golden Stricker Trio

Maître incontesté de la contrebasse doué d’un sens mélodique remarquable, reconnu pour la finesse et l’élégance de son jeu, l’Américain Ron Carter est une véritable légende dans le monde du jazz. Accompagnateur de génie,
il a notamment joué avec Cannonball Adderley, avec Thelonious Monk
et bien sûr, de 63 à 68, au sein du célèbre quintette de Miles Davis.

Au sein de ce Golden Striker Trio qui nous visite, Ron Carter joue depuis le début des années 2000 avec Russell Malone, le guitariste favori de Diana Krall, et avec Mulgrew Miller, l’un des plus grands pianistes actuels.
Sur son album éponyme, Golden Striker (Blue Note - 2003), Ron Carter semble vouloir reprendre le flambeau de son aîné Ray Brown. Comme Brown à la fin de sa vie, Carter opte ici pour l’emblématique trio piano/ guitare/ basse qu’avaient initié Nat King Cole ou Art Tatum. C’est donc dans la perspective d’un classicisme éprouvé que se place l’ancien bassiste de Miles, avec la complicité de Miller et Malone.

Bien plus jeunes que Carter, ses deux compagnons sont pourtant indiscutablement rompus à l’art d’un swing tout en souplesse. Ils apportent largement leur contribution à un répertoire dont Carter reste le principal responsable. Russell Malone, le guitariste, est notamment connu pour son travail avec Diana Krall. Il a débuté aux côtés de Jimmy Smith (dès1988), et il a notamment travaillé dans les années 90 avec Harry Connick Jr.  Le natif d’Albany (Géorgie, en 1963) excelle dans plusieurs styles, dont le bebop, mais il est principalement reconnu comme un esthète du swing. 


En concert, l’émotion atteint son climax sur l’un des thèmes fétiches
du contrebassiste, le standard My Funny Valentine. Le répertoire du Golden Striker Trio prend alors son envol sur les thèmes à la saveur brésilienne qu’affectionne également Ron Carter. Tradition et musicalité sont les maîtres mots de cet élégant projet qui se déguste avec autant de gourmandise que Ron Carter semble en avoir eu à le réaliser.

avec: 

  • Ron Carter (contrebasse),
  • Mulgrew Miller (piano),
  • Russell Malone (guitare)

Ron Carter