19/03/2011 22:30

James Chance & les Contorsions

Accompagné depuis 2004 de ses Contorsions reformés, rescapé à peine assagi de la no wave new-yorkaise à la charnière des 70’s et des années 80, l’intraitable James Chance donne à nouveau des concerts explosifs : clavier maltraité, sax écorché et vociférations façon James Brown blanc, la pompadour toujours impeccable. James La Chance is back !

Après une traversée du désert de près de deux décennies, ce retour scénique de l’icône du no wave coïncide avec la réédition bienvenue de l’essentiel de sa discographie. Les deux premiers albums, Buy par James Chance & The Contorsions 
et Off White par James White and the Blacks, datent de la même année 1979. Deux disques mal embouchés, voire franchement nihilistes, grinçants et sexuels (Stained Sheets, Bedroom athlete)… Bref, typiquement new-yorkais de ces années post punk. L’homme Blanc y joue du saxo comme il chante : avec une totale absence de considération pour le beau et le bon goût, nerveusement. Une attitude punk qui cohabite pourtant avec une authentique sensibilité musicale héritée du jazz (surtout du free, certes, mais pas seulement) et qui lorgne avec gourmandise vers un funk crispé.

Aujourd’hui, le vilain de la no-wave porte encore beau, avec
sa chemise à jabots et sa veste lamée or. Derrière lui, trois musiciens
costauds, des Rennais, qui font sonner impeccablement le groove
atypique du Brown blanc. S’il ne saute plus dans le public en plein
morceau, s’il ne se lance plus dans de longues improvisations au saxophone, Chance est toujours un agité charismatique, pas vraiment du genre 100% bio. Il a ce son (ce cri) assez incroyable, et puis cette voix écorchée, tranchante, intacte. Des hymnes comme Design To Kill ou Contort Yourself en VO, entrecoupés des extraits d’un nouvel album fantômatique, démontrent que notre James a de l’adrénaline en réserve. Au final, face à ce retour du Diable Vauvert, on a tout simplement le sentiment rare de voir passer un phénomène. 
La mode du revival a déjà vampirisé les années 80. Il ne restait plus qu’à honorer la no wave, un des courants les plus dignes et les plus météoriques de cette époque tourmentée.

Son représentant le plus illustre s’appelle toujours James White, ou plutôt Chance, pourvoyeur de fièvre blanche.

avec:

  • James Chance (voix, sax, claviers),
  • Alex Tual (batterie),
  • Pierre Fablet (guitare),
  • Jacques Auvergne (basse)

James Chance au saxo

photo .A. Cerdan