25/03/2011 20:30

Soirée Blues
Shakura S'Aida / Roy Gaines orchestra




25/03/2011 20:30

Shakura S'Aida

Née à Brooklyn, élevée en Suisse et établie au Canada, la séduisante Shakura S’Aida s’est révélée en France sur la scène du Jazz Club du Méridien, à Paris, au printemps 2008. Peu de temps avant, Shakura obtenait le deuxième prix lors de l’International Blues Challenge de Memphis. Depuis, chacune de ses prestations constitue un événement pour les amateurs de sensations fortes. Dans le Landernau du blues contemporain,
la jeune chanteuse fait une entrée remarquée. C’est que, sous un physique de gravure de mode, miss S’Aida révèle bel et bien un tempérament de feu qui trouve sa plus belle expression dans les brûlots qu’elle délivre avec ce charisme scénique qui fait les grands spectacles.

De festivals de blues en festivals de jazz, tant aux États-Unis qu’en Europe, Shakura S’Aida s’est ainsi taillé une réputation flatteuse parmi les aficionados des douze mesures, notamment grâce à une voix puissante à rapprocher de celles de grandes “shouteuses” soul des années soixante (Etta James, Koko Taylor…). Shakura y ajoute une touche d’élégance bienvenue. Son répertoire et son style remontent parfois plus loin encore, à l’ère du rhythm’n’blues des années cinquante (Big Maybelle , little Esther Philips…), avec de faux airs de Dinah Washington sans faux cils. L’album Blueprint autoproduit en 2008 sous la houlette du guitariste James Bryan recélait déjà des trésors de modernité… antique. 
Son nouvel et tout premier opus pour le label Ruf (Brown Sugar, paru en 2010) a été enregistré au Tennessee. Il est produit par Jim Gaines qui a travaillé avec
Stevie Ray Vaughan, Huey Lewis, Santana ou Coco Montoya.

La Shakura débarque donc à Vaulx-en-Velin avec son propre orchestre dans lequel brille notamment la guitariste Donna Grantis, à surveiller de près, avec laquelle elle a signé la plupart des titres de ce Brown Sugar d’excellente qualité.


shakura s'Aida  couverture de l'album

   * Shakura S’Aida (chant),
   * Donna Grantis (guitare),
   * Andrew Stewart (basse),
   * Lance Anderson (claviers),
   * Kenny Neal Jr (batterie)


25/03/2011 22:15

Roy Gaines orchestra
playing Tuxedo Blues

L’Académie du Jazz vient de décerner son Prix Blues 2010 à Roy Gaines pour 
son album Roy Gaines & his Orchestra  “Tuxedo Blues”. La cérémonie a eu lieu le 12 janvier dernier à Paris, au Théâtre du Châtelet. Roy Gaines est de fait une pointure, un monument, une tranche à lui tout seul de l’histoire du rhythm’n’blues et du blues américain.

Roy Gaines est né en 1937 à Waskom, au Texas. Très jeune, il commence
à jouer du piano à la manière de Nat King Cole. Il se lie vite d’amitié avec d’autres musiciens locaux comme Johnny Copeland. Il se tourne alors vers la guitare et commence à jouer dans les clubs de Houston. Il rencontre là son héros T-Bone Walker en 1951, et s’installe aussitôt à Los Angeles où opère l’influant T-Bone alors au sommet de sa gloire. Le jeune Roy intègre le groupe de Roy Milton la nuit, et il fréquente l’université de Monterey où il apprend l’harmonie le jour. Dès1955, il figure sur divers enregistrements de Big Mama Thornton, Jr. Parker ou Bobby “Blue” Band. Parti tenter sa chance à New York, le Texan collabore plusieurs années avec le très rhythm’n’blues Chuck Willis. De 56 à l’aube des années 60, il travaille aussi en tant que guitariste de session recherché pour les labels Atlantic, Deluxe et RCA Records. Chuck Willis meurt en 1958, et Roy continue à hanter les studios.

On peut par exemple l’entendre sur les albums de Jimmy Rushing, Coleman Hawkins (Coleman Hawkins Plays the Blues, en 1957) ou Billie Holiday. Il travaille également avec The Jazz Crusaders et intègre le big band de Ray Charles en 1966, pour qui il écrit No Use Cryin’(sur l’album Crying Time). Dans les années 70, Roy Gaines fait de nombreuses apparitions en solo ou avec les Crusaders. Il collabore avec Aretha Franklin, The Supremes, Stevie Wonder ou Albert King. Il travaille régulièrement avec T-Bone Walker, jusqu’au décès de celui-ci en 1975. Il travaille pour le cinéma et la télévision avec Quincy Jones. Dans les années 80,
le guitariste enregistre le classique Gainelining et compose pour la BO du film La Couleur Pourpre (en 1985), dans lequel il joue d’ailleurs un petit rôle. Quelques albums solo illustrent les années 90, dont le fameux Lucile Works For Me et un hommage à T-Bone Walker pour Groove Note.

Il faut entendre sa version pure Texas swing du classique Okie Doke Stomp (également au répertoire d’un Clarence Gatemouth Brown) pour se rendre compte à quel point Roy Gaines excelle, à l’occasion, dans un jeu très jazzy et technique. Un monument, on vous dit.


Roy Gaines

photo K. Huempfer

  • Roy Gaines (guitare, chant),
  • George Pandis (trompette),
  • Dan Heffernan (saxo Tenor),
  • Don Roberts (saxo baryton),
  • Bill Fulton (piano),
  • Shane Harry (basse),
  • Kenny Elliott (batterie)